Mes plus lointains souvenirs sont liés à la nature. Le chemin qui montait à la vigne, derrière la gare, avec ses haies en fleurs …L’odeur des vaches, à la bascule du marché…Les « Trois Croix » couvert de neige…Mes plus anciens souvenirs se confondent avec la chaleur de la présence de ma famille qui m’entoure. Je me souviens plus précisément de ces sensations là que de l’appartement dans lequel nous vivions. Plus tard, dans une autre maison, j’avais huit ans, je passais des heures perché dans le poirier du jardin de mon père…Plus tard encore, marcher la nuit sur des routes inconnues…Au fil des années ce rapport à la nature n’a fait que se développer jusqu’à me pousser à venir vivre avec ma propre famille, en son cœur même. Ma peinture, forcément, en témoigne.
‘Tout m’est parent » écrivait cet amérindien dont j’ai oublié le nom, dans les années 70. Il parlait des rochers et des eaux sauvages, des forêts et des landes, des montagnes et des plaines, des étoiles et des nuages, du plus petit brin d’herbe et du plus fin grain de sable…Tout m’est parent, cela pourrait résumer mon chemin de peintre. Dire cela avec de la peinture. Et me rapprocher, par là, le plus possible de ce Tout. Peut-être est-ce cela que vous appelez Dieu? Et c’est là où nos chemins se croisent et peuvent se superposer et c’est pour ça que je ne me sens ni un étranger ni un usurpateur en ces lieux . Mes modestes chemins de campagne, après tout, valent bien les internationaux les plus prestigieux. Je ne ferais pas « Le Saint Jacques ». Trop fatigué, trop abîmé, trop vieux…Mais tous les jours, du bout de mes pinceaux, je me sens, moi aussi, sur le chemin.
Exposition au Camino. JPP. 2017