Expositions 2012

GRANDE EXPOSITION

« Aujourd’hui vert, hier était jaune et demain sera bleu.

Quel temps fait-il ?

Les paysages et les saisons s’accumulent devant mes yeux et dans mes cartons…

Quel temps fait-il ?

Un temps pour aller peindre dehors ?

Ou pour rester à l’abri de l’atelier ?

Hier je suis sorti. Et demain ?

En regardant le temps qu’il fait, le temps s’écoule jour après jour.

Mes couleurs se déroulent comme les mois du calendrier. Elles fixent le temps qui passe.

Le temps qu’il fait, c’est du temps qui passe. »

Visite de Geneviève et Michel Steiner

Jean-Pierre Petit – Chapelle Sainte-Anne – Arles septembre 2012

Les rendez-vous de la lumière

Arbres, visages, neige, chemins… de son atelier de Haute-Loire, le peintre nous envoie cette harmonie parallèle* dans un bouquet de teintes exubérantes. Il est né en Provence comme Cézanne, a peint à Arles comme Van Gogh, aficionado comme Picasso. Il n’en faut pas plus pour voir Jean-Pierre Petit se cabrer, se rebiffer comme si l’on ne pouvait pas être simplement un peintre né à Arles. Et pourtant, c’est vrai ! Outre l’admiration pour ces mythes incontournables, il leur faut dire la place que ce peintre donne tous les jours à la peinture qu’il pratique. Dans ce lieu se trouve réunie une sélection des huiles, des aquarelles et des dessins des 10 dernières années, sur les 45 années accomplies (les années Beaux-Arts, les années Arles-Avignon, les couleurs-formes de la Camargue, le Puy et les paysages du Velay, les voyages). On peut évoquer ces terres, ces rivières et ces fleuves qui ont entouré notre ami depuis son enfance, terres d’alluvions, couleurs de boues, sans la complaisance régionalo-pantoufle qui réduirait l’impact de son travail. Comment tant de choses sont sorties de cet atelier du Leyris ? Il travaille comme un artisan délicat et régulier, exigeant du résultat – homme d’une honnêteté absolue au risque de lui déplaire en le disant. Il faut se pencher sur une toile, poser un regard contemplatif et comme dit Daniel Arasse « au bout d’un moment le tableau se lève » : vous voyez la profondeur et le premier plan, tout s’organise avec cette harmonie totale, celle-là même qui a présidé à sa mise en place, à sa mise au monde. Le travail de Jean-Pierre Petit est de cet ordre, une création viscérale. D’abord il compose avec les visions que la nature lui propose. Il a toujours peint ses paysages : les saisons avec les couleurs des fayards, les pins sylvestres aux ombres lourdes, les sous-bois mystérieux, les sentiers simples, les arbres (ah ! Le vieux cerisier aux tons mauves et violets, presque un homme), tous ces cailloux qui bordent les chemins et la neige, et les genêts, la Loire à Arlempdes. Ses compositions suivent l’organisation géologique des lieux : les montagnes du Velay, ces vieux volcans, énormes bosses comme des dos de mammouths velues et soyeuse ; l’horizontalité des hauts plateaux balayés par la hurle et toujours ces plantes appropriées -herbes dressées, mousses incrustées- et les paysages de neige («peau de panthère ou chlamyde trouée»), abondante là-haut tous les hivers. Organisation des contrastes, lignes sinueuses et raffinées. Les portraits et les personnages ! Comme des paysages liés à l’intime des traits des proches, des siens et de lui-même, ils sont la partie sensible et la plus émouvante de son travail ; ils nous laissent silencieux. La liste n’est pas exhaustive. L’élaboration colorée est intense -les fonds bruns sombres sont travaillés en nuances de terres et de verts sourds, en harmonie avec les mauves, les garances, les roses posés du bout du pinceau, papillonnants, jaunes lumineux et les blancs deviennent nacrés. Les matières structurées avec densité pour l’huile, véritables couches sédimentaires ou en touches superposées et les légèretés de l’aquarelle, constituent un métier authentique. Il œuvre en figuratif jusqu’à l’abstraction, et il aime, les œuvres de Michel Steiner pour leurs perpétuels recommencements, et « l’agonie des feuilles » chez Roger Bissière. « La peinture l’habite, depuis toujours peut-être. Mais l’aisance est un piège : elle recèle le risque de se laisser aller, de se répéter, de se plagier. C’est pourquoi… il bouscule sa facilité, contraint le don qu’il a pour le dessin… reconstruit.* «Olivier Cena parle en des termes que l’on pourrait tellement appliquer à Jean-Pierre Petit. Méfiant d’un résultat trop vite atteint, il pense que ses travaux n’arrivent pas à la hauteur désirée -juste des ersatz, dit-il !- mais il s’autorise à poursuivre parce que «c’est ainsi, comme un pommier qui fait ses pommes ». À ce stade de la chronique, je ne peux m’empêcher de voir le regard dubitatif et malicieux de mon ami… Il ne croit qu’à la peinture ou à la parole échangée, à la conversation. Nous sommes libres de la poursuivre avec lui, dans ce lieu, devant ses travaux et de citer encore Olivier Cena « …comprendre ce qu’il recherche dans la peinture… : les fameuses sensations face à la nature, le témoignage exemplaire d’une présence poétique ».
*D’une citation cézannienne
*À propos du peintre Ronan Barrot
Danièle Passebois – juin 2012
2 mois

D’exposition

10.000

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